-Seconde Renaissance- Chapitre 6
- Calista, laisse Chipo tranquille veux-tu ? Tu vas le rendre fou à force de
lui tourner autour comme ça...
Cette voix, elle était si belle. Douce. Chantante. Je pouvais la reconnaître
entre mille...C'était celle de ma mère...
Le pauvre droïde qui me servait de compagnon de jeu m'avait été offert pour
mes 4 ans. Je ne m'en séparais jamais. Chipo n'était pas plus haut que moi et
son enveloppe externe était d'une couleur bleu azur. Son véritable nom était
SH-6O. Ce matricule étant très difficile à prononcer pour une enfant de mon
âge, le droïde s'accomoda très vite de son nouveau nom.
Au même instant, une petite tête blonde faisait son apparition. Mon frère,
Timy, n'avait que deux ans de plus que moi. Lui aussi ne perdait pas une seule
occasion quand il y avait une bêtise à faire. Nous étions de vrais complices,
deux cordes unies l'une à l'autre pour le meilleur mais aussi et surtout pour
le pire.
- Allez les enfants, nous arrivons, allez vous asseoir et attacher vos
ceintures. Timy, vérifie que ta soeur s'attache bien, disais ma mère d'un ton
confiant.
C'était une femme d'une très grande beauté. Sa longue chevelure rousse bouclée,
toujours parfaitement disciplinée, lui donnait des allures de princesse. Sa
garde-robe était elle aussi judicieusement choisie pour lui donner un maximum
de prestance. Ses yeux d'un vert profond nous regardaient toujours d'un air
emplit de fierté.
Mon père quant à lui, était très grand. Il portait les cheveux coupés court
et avait cette allure générale qu'avaient la plupart des militaires ; un océan
de douceur et de gentillesse, masqué par une implacable sévérité.
- Maman ? C'est jolie là en bas ?
- Oui ma chérie. Tu t'amuseras beaucoup sur Sélonia, tu verras.
Mon frère et moi étions tous deux occupés à imaginer de nouvelles grimaces
quand soudain, la voix de mon père perça depuis la cabine de pilotage :
- Esseryna ! Tu veux venir ?
Ma mère ne prit pas le temps de poser la moindre question et fonça tout droit
à la rencontre de mon père?
Quelques minutes plus tard elle revint auprès de nous. Elle avait le teint extrêmement
pâle et ses mains tremblaient quand elle détacha nos ceintures à Timy et à
moi.
Je pouvais sentir la peur l'envahir et cela m'effrayait.
- L' aterrisage va secouer un peu les enfants...Calista, sois gentille, va te
cacher dans ce compartiment et restes-y.
C'était une sorte de placard très solide qui nous servait de lieu de stockage
pour divers objets fragiles. La cachette était très étroite et j'étais la
seule à pouvoir m'y faufiler.
- Timy, va te cacher sous le lit et ne bouge pas de là, quoi qu' il arrive...ne
bouge pas !
- Compris Maman !
Mon grand frère avait très bien senti que quelque chose n'allait pas, et avait
reprit tout son sérieux. Mais ses yeux commençaient peu à peu à s'emplir de
larmes et je ne tardais pas à l'imiter.
- Maman ! Criais-je en étouffant un sanglot.
- N'ai pas peur ma chérie, maman est là, elle reste avec vous. Restez bien
cachez.
- J'ai très peur.
- Il ne faut pas. Soyez courageux tous les deux, tout va bien se passer.
Notre vaisseau commençait à être violemment secoué alors qu'il pénétrait
dans l'atmosphère de Sélonia à une vitesse anormalement élevée. Ma mère s'étais
assise sur le fauteuil où je me trouvais quelques minutes plus tôt. Elle s'était
solidement attachée. Mon père devait toujours se trouver dans l'autre cabine.
Dans l'encadrement du compartiment où j'étais blottie, je pu voir Chipo être
balloté en tous sens à l'intérieur de la pièce, peinant à garder l'équilibre
sur son unique roue.
Soudain, des chocs encore plus violents se firent ressentir accompagnés de
bruits assourdissants venus directement des enfers. Tout était presque fini.
J'entendis alors pour la dernière fois cette voix qui fut si belle, si douce,
si chantante crier à travers cette cacophonie :
- Je vous aime les enfants !
- NOOOONNNN !!!
Hurlais-je dans le vide. Personne ne pouvait m'entendre. Tout cela n'avait pas
lieu dans un monde conscient, mais dans le monde profondément intime de ma
personne, abritant mes plus beaux rêves comme mes pires cauchemars.
Ma vie entière défilait à la vitesse de la lumière. Tous mes souvenirs
partaient en fumées les uns après les autres. J'essayais en vain de toutes mes
forces de lutter contre le néant qui prenait toujours plus de place dans mon
esprit. Cette vision, ce cauchemar que fut le crash de notre vaisseau et qui coûta
la vie de tous les membres de ma famille fut le dernier souvenir que m'arrachait
cette main invisible.
Puis, plus rien. Le néant absolu...
Je me laissais glisser tout doucement dans le noir. Une lumière violente, éblouissante
se trouvait au bout de ce long tunnel. Mes paupières battirent plusieurs fois
de suite pour s'adapter à cet éclairage violent. Mon regard fixait le plafond,
blanc, desesperement blanc...
- Ca y est, elle se réveille, dit une voix inconnue sur le côté.
Je ne prit même pas la peine de tourner la tête pour voir à qui elle
appartenait. Alors le visage étrange d'une créature se pencha sur moi.
- En effet Maître Kenobi...C'est une nouvelle vie qui commence pour elle.
Je ne savais plus ce que j'étais, ni ce que j'avais pu être autrefois. On
m'avait pourtant bien expliqué que j'avais subi un grave traumatisme durant une
mission...mais rien. Je ne retrouvais plus rien.
Il me fallu tout reprendre de zéro, y compris mon apprentissage de Jedi. Depa
Billaba ne pouvait supporter ce qu'il venait de m'arriver et refusa de me
reprendre sous son aile. On m'assigna donc un nouveau maître : Werewolf, à côté
de qui durant deux longues années, je renouais peu à peu des liens profonds
avec la Force. Toutes ces épreuves avaient également donné naissance à une
grande amitié, une amitié qui fut certainement encore plus grande que par le
passé...Celle que j'entretenais avec Obi-Wan Kenobi. Ce chevalier qui lui,
connaissait tout de moi et qui pouvait détecter le moindre de mes sentiments.
Ce chevalier qui était toujours là quand les choses allaient mal, quand je
souhaitais trouver du réconfort, il était toujours là pour moi, juste pour
moi.
Ma chambre au Temple de Coruscant, qui elle n'avait pas changé, était simple
à l'instar de celles des autres padawan. Une commode, une table de chevet, un
lit douillet...Cela suffisait amplement. Ce soir là, la trouvaille que je fit
souleva de nombreuses questions, de trop nombreuses questions...Il s'agissait
d'une chaîne munit d'un pendentif des plus étranges. Une améthyste comme protégée
entre les griffes d'une sorte de dragon. Je venais de le trouver caché tout au
fond d'un tiroir de ma commode. Cette pierre, ce dragon me semblaientt vraiment
familiers et paradoxalement totalement inconnus.
Pouvaient-ils répondre à certaines questions ? Pouvaient-ils lever le voile
sur mon passé ? Qui me l'avait offert ? Je n'en pouvais plus de ne rien savoir.
Des larmes commençaient à s'échapper de mes yeux. A cet instant quelqu'un
frappa à ma porte.
- Calista ? C'est moi.
J'essuyais alors ces larmes d'un revers de la main en disant :
- Tu peux entrer Obi-Wan.
Il n'était pas rare que le Chevalier vienne me rendre visite le soir dans ma
chambre. Nous discutions de choses et d'autres, des problèmes qui nous préoccupaient
ou bien des joies que nous avions éprouvé durant la journée.
Mais ce soir là, je n'avais aucune envie de rire et Obi-Wan s'en aperçu dès
qu'il pénétra dans la pièce. Il vint d'asseoir à mes côtés et posa sa main
sur mon épaule.
- Que se passe t-il Cali ?
Je lui tendait alors le collier en m'expliquant :
- Je l'ai trouvé tout à l'heure. Il m'a appartenu n'est ce pas ? Mais il ne me
rappelle rien...
Obi-Wan baissa les yeux sur l'objet en question puis déclara :
- En effet il t'appartient. Un jour tu m'as raconté que ta mère te l'avais
offert, mais comme tu avais peur de le perdre durant une mission ou un entraînement,
tu préferais ne plus le porter.
- J'aimerai bien savoir ce qu'il représente ou symbolise...
- Je ne peux pas être en mesure de te le dire Cali...tu ne m'en a jamais parlé.
A l'époque nous ne nous voyons pas aussi souvent qu'aujourd'hui...
- Tu veux dire que nous n'étions pas amis? lui demandais-je.
- Et bien, je n'étais pas souvent au Temple et toi non plus d'ailleurs, et
puis...
Obi-Wan eut l'espace d'un instant une certaine gêne sur laquelle il reprit
presque immédiatement le dessus et fut en mesure de finir sa phrase :
- Je ne te voyais pas comme je te vois aujourd'hui...
Un silence des plus gênant s'installa. Mais le Jedi reprit de plus belle :
- Enfin je veux dire que depuis tu as beaucoup changé. Avant je te voyais
toujours comme l'enfant que nous avions trouvé sur Sélonia Qui-Gon et moi.
- C'est le fait d'avoir perdu la mémoire qui m'a fait changé ainsi ?
Obi-Wan ne répondit point. L'expression de son visage s'était assombrie.
- Pardonne-moi Obi-Wan...L' ancienne Calista doit sûrement te manquer...
- Toi et elle vous ne faîtes qu' un. Vous avez toutes le deux la même volonté,
la même force, le même courage...
Je ne m'étais aperçu de rien dans le flot de la conversation, mais le
chevalier avait rapproché son visage du mien.
-...la même douceur...
Le baiser qu'il déposa sur mes lèvres eut l'effet d'une immense vague de
chaleur, aussi douce que pouvaient l'être les nuages de Bespin.
Alors qu'il se reculait pour m'observer droit dans les yeux, il murmura :
- Je ne savais pas, que je pouvais éprouver ça...C'est comme, comme si je
voyais le ciel pour la toute première fois.
- Il s'approcha de nouveau et nous nous laissâmes aller dans une étreinte
pleine de tendresse. Cet instant fut plus fort que la Force elle-même. Nous étions
un soleil éclatant où tournait tout autour l'univers dans une grâce parfaite.
Quoiqu'il arrive, à partir de ce jour, nous nous aimerions toujours, jusqu'à
ce que la mort advienne. C'était là l' idée que je m'étais faîte de cet
amour. Je ne pensais pas qu'un jour la Force elle-même puisse me faire le
moindre mal. Je me trompais. Elle allait tout détruire.