Chapitre V : Besoin
- Maître, nous y sommes! S'écria Anakin.
- C'est pas trop tôt! Ils sont au moins aussi féroces que des Gundarks ceux-là!
ajouta Obi-Wan.
Après avoir parcouru un bon kilomètre de dédales de couloirs, nous arrivions
enfin à la sortie de ce labyrinthe. Une armée de gardes de toutes les espèces
possibles était à nos trousses. Nos yeux mirent un certain temps pour
s'adapter à la lumière éclatante du soleil qui venait tout juste de se lever.
Une fois à l'extérieur, nos poursuivants avaient abandonné leur chasse comme
s'ils étaient allergiques à la lumière du jour.
- La prochaine fois qu'une idée comme celle-là te prend au beau milieu de la
nuit Calista, réveille moi pour que je t'assome avant que tu ne tentes quoi que
ce soit ! me sermonna Obi-Wan.
Mais mon visage restait livide, encore sous le choc de toutes ces monstruosités
dont j'avais était le témoin.
-Maître, il faudrait peut-être contacter Coruscant ?
Ce fut rapidement chose faîte, et après un bref rapport de Kenobi, Yoda nous
avait donné l'ordre de regagner le Temple Jedi au plus vite. Le seul obstacle
qui s'opposé à notre retour fut que les deux Jedi étaient venus sur Kegan à
bord d'un chasseur bi-place...Je n'étais pas censée faire partie du voyage à
l'origine, il manquait donc une place. C'est pourquoi Obi-Wan demanda à son
padawan de rentrer seul à bord du chasseur. Le maître ferait le chemin du
retour avec moi, à bord d'un transport de croisière, afin cette fois-ci de
m'avoir à l'oeil.
Le soir même, nous embarquions à bord du Boréalisk, un croiseur stellaire
remplit de touristes curieux de voir de leurs propres yeux à quoi ressemblait
le coeur de la galaxie que la plupart n'avaient pu voir qu'aux travers des différentes
images diffusées par l'holonet. Le voyage prendrait en tout et pour tout deux
journées standards. Sans doute les plus longues journées de ma vie!
Notre cabine était des plus confortables. Il faut dire qu'Obi-Wan avait été
forcé d'y mettre le prix s'il ne souhaitait pas attendre une semaine de plus le
transport des réfugiés. J'étais seule à ce moment là. Kenobi était parti
prendre un rafraichissement au bar du niveau supérieur et j'avais refusé de
l'accompagner. Devant ce hublot d'aspect si froid malgré la décoration qui
l'ornait, je voyais les étoiles défiler en fins traits de lumière éclatante.
Tout avait été si vite ! J'aurais donné n'importe quoi à cet instant pour
arrêter le temps, retourner sur mes pas...et retrouver cette douce chaleur
couler dans mes veines. Je regardais alors mes mains. Elles tremblaient. Me
retournant alors vers le côté opposé de la cabine, j'observais mon visage
dans le mirroir qui me fesait alors face. J'avais le teint extremement pâle,
des rides traillissaient ma fatigue, mais le pire venait de mes yeux. A ce
moment, ils étaient inexpressifs, presque sans vie. La flamme qui y brûlait
quelques jours plus tôt s'était éteinte. La Force elle même m'avait abandonné.
Je ne la sentais plus m'envelopper, me protéger. La seule chose que je pouvais
ressentir et qui aveuglait toutes autres perceptions était ce grand vide, ce
manque. Cette chose à laquelle je n'avais plus pensé au moment de mon évasion
et qui venait me rattraper.
Je n'avais pas fait mention à Obi-Wan Kenobi que l'on m'avait droguée pour
assurer ma fidelité. D'ici quelques heures, et peut-être même quelques
minutes, je ressentirai de manière plus agressive le manque de Ryll déchirer
mes entrailles. Je me retrouvais à nouveau dans une impasse. Tiens bon Cali !
me disais-je à moi-même. Après tout tu es une Jedi! Il faut que tu tiennes.
Allongée sur la confortable couchette, j'essayais d'atteindre le stade de
transe Jedi pour calmer cette douleur qui se fesait de plus en plus présente.
En vain...Mes membres commençaient à trembler sans que je puisse y faire quoi
que ce soit.
Soudain, la porte de la cabine s'ouvrit. Obi-Wan me voyant déjà couchée pénétra
dans la pièce en prenant soin de faire le moins de bruit que possible.
Je ne peux pas rester dans cet état...la douleur, c'est insupportable!
- Obi-Wan...dis-je d'une voix à peine audible.
Le chevalier sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas et s'approcha
de ma couchette.
- Que se passe t-il ?
-...J'ai...j'ai très mal. Ils m'ont...injecté une sorte de drogue làbas. Il
faut faire demi-tour...
- Nous ne pouvons plus maintenant, le vaisseau est passé en hyperespace. Je
vais essayer de trouver un droïde médical...
- Non Obi-Wan! Je t'en prie, reste avec moi, il ne pourra rien faire. Cet homme
avait déjà tout prévu...Il savait que j'allai venir à lui, il savait qu'une
fois làbas je ne pourrai plus partir sous peine de mort...et il va gagner.
- Surement pas! N'oublies pas qui tu es, tu es Jedi et tu as la Force pour alliée!
me dit-il en s'asseillant sur le rebord de la couchette.
- Ce que je suis, je n'en suis plus vraiment certaine, toute ma vie on m'a menti
et on continuera à le faire...
A cet instant je fermais les yeux cherchant une nouvelle fois une connection à
la Force afin d'y puiser un peu de son énergie. Mais je sentais toujours ce
grand vide. La Force ne pouvait plus me venir en aide...Obi-Wan non plus.
Je devais agir par mes propres moyens et retourner sur Kegan. J'userai de tous
les moyens mais j'y retournerai. Je serai prête à tout pour que cette douleur
s'en aille.
Je m'asseyais alors doucement tout en grimaçant. Chaque mouvement mettait à
rude épreuve ma résistance.
- Reste allongée Calista, me conseilla Kenobi.
Alors que je tentais de me mettre debout, le chevalier contourna la couchette
pour me forçer à me recoucher.
- Laisse-moi! lui criais-je soudain. La rage qui brûlait dans mes yeux n'était
pas uniquement destinée au jeune homme, mais à la galaxie entière. Je sentais
la colère monter en moi, et j'y trouvais un certain réconfort même si je
savais en mon fort intérieur que celui-ci n'était qu'illusion.
- Que comptes tu faire exactement? Les rejoindre! Devenir à ton tour leur
esclave! Parce que c'est ce que tu deviens à chaque fois que tu t'abandonnes à
la haine.
Le jeune maître s'interposa alors de nouveau. Je détournais mon regard du sien
et vis mon sabre-laser posé sur la petite table de chevet. D'une rapidité
exemplaire, je l'appelais à moi grâce à la Force. A peine avais-je refermé
ma main sur la crosse que j'activai la vibro-lame en direction d'Obi-Wan.
- Laisse moi passer!
- Jamais.
- Je ne veux pas te faire de mal Obi-Wan, mais si tu m'y oblige, je le ferai.
- Alors n'hésite pas un seul instant, mais dis-toi bien que c'est à toi que tu
feras le plus de mal.
La lame orangée s'approchait grésillante de sa gorge, pourtant le chevalier ne
recula pas. Son regard était à la fois dur et compatissant. Un regard aussi
glacial que pouvait l'être le vide de l'espace et pourtant il dégageait aussi
une telle chaleur...
Ma main tremblait toujours de plus en plus et l'arme finit par m'échapper. Mes
jambes commençèrent à faiblir sous le poids d'une violente vague de douleur.
Au même instant, je sombrais dans l'inconscience.
Le boréalisk attérissait deux jours plus tard sur Coruscant. Durant tout ce
temps Obi-Wan n'avait jamais fermait l'oeil et restait à mon chevet, m'offrant
tout l'énergie dont il pouvait disposer pour que je ne sombre pas dans un
sommeil éternel. Le temple avait était prévenu de mon état et nous attendait
sur la plate-forme d'atterissage avec un véhicule rapide qui devait nous
ramener au plus vite auprès de mes confrères Jedi... Durant ce chemin qui s'avéra
au final être assez court, Yoda observait attentivement Kenobi. Le jeune
chevalier était bien sombre et regardait fixement mon visage qui en apparence
paraissait être des plus apaisés. Depa Billaba était elle aussi présente et
tenait fermemant l'une de mes mains, comme si elle voulait empêcher par ce
geste que je tombe dans un puit sans fin.
Nous arrivâmes au Temple et je fus immédiatement conduite à l'infirmerie où
les meilleurs medecins Jedi me prirent en charge. Mace Windu et son ancienne
padawan Depa, Yoda et Obi-Wan Kenobi attendaientt avec une certaine impatience
l'avis de leurs confrères au sujet de mon état.
Agorth, un Calamari d'un certain âge vint à leur rencontre :
- Son état est très sérieux et en même temps vraiment étrange. Elle n'a
aucune dépendance physique à cette drogue qu'on lui a injecté. Tout se passe
dans son esprit...Je peux guérir son corps mais je peux rien faire de plus, à
part peut-être...
- Lui effacer la mémoire...répondit gravement Windu.
A ce moment Obi-Wan releva la tête vers Mace puis vers le médecin en disant au
quart de tout :
- Mais voyons vous ne pouvez pas faire ça ! C'est toute sa vie que vous lui
prendriez !
- La vie elle est justement entrain de la perdre maître Kenobi. C'est sa dernière
chance...ou elle mourra.
- Alors faîtes-le, fint par dire Depa.
Le Calamari ferma les yeux et baissa la tête sans rien y ajouter puis s'en
retourna vers sa patiente qui n'allait plus jamais revoir le jour de la même
manière qu'elle avait pu le voir jusqu'à présent.
Obi-Wan à son tour s'en alla dans un silence des plus inquiétants.