CHAPITRE II : Conflit au sein de l’Ordre.
Le lendemain matin, après un copieux petit déjeuner comme savaient nous les préparer
les cuisiniers du Temple, je me rendais vers la Salle des Mille Fontaines, le
lieu où tous les Jedi, qu’ils soient Maîtres ou Padawan peuvent se détendrent
et se ressourcer. Alors que je m’apprêtais à emprunter le turbo-élévateur,
j’entendis des voix parler sur un ton assez dur derrière l’une des portes
qui donnait sur le couloir. Il s’agissait des appartements privé de Maître
Windu. Je m’approchais donc de cette porte et me concentrais sur ce qu’il se
disait de l’autre côté.
- Je me demande parfois qu’elles sont les véritables priorités du Conseil.
Cela fait cinq ans que Qui-Gon est mort, et nous ne savons toujours rien de plus
concernant ces Sith !
- Calme-toi Obi-Wan. La fougue de ton Padawan détint sur toi j’ai
l’impression.
- Cela n’a rien à voir…C’est juste que j’ai la profonde impression que
mon défunt Maître ne sera jamais en paix. Le Conseil s’obstine à régler de
misérables querelles politiques sans se soucier de la menace que pourraient
engendrer les Sith.
- Le conseil sait très bien ce qu’il a à faire Obi-Wan.
- J’en doute parfois sérieusement.
- Tu n’es pas en mesure de le juger. Et dorénavant je te prierai de rester à
la place qu’est la tienne.
- Comme vous le voulez…Maître Windu.
Les pas de l’un des deux protagonistes s’approchèrent de la porte. Je m’éloignais
donc de quelques pas comme si je venais seulement d’arriver dans ce couloir.
C’était Obi-Wan qui sortait de la pièce visiblement assez mécontent. Je
m’approchais de lui en lui demandant :
- Obi-Wan ! Comment vas-tu aujourd’hui ?
- J’ai déjà connu mieux, et je te prierai de m’appeler par mon titre comme
tous les Padawans.
Sans dire un seul mot je le dévisageais. Mais qu’est ce qui pouvait bien lui
arriver ? Il n’était plus le Jedi que j’avais connu sur Sélonia. Puis il
ajouta :
- Je suis désolé Calista, mais tu dois obéir au règlement du Temple.
Mon regard croisa alors le sien et c’est là que tout devint très clair. A
travers ses yeux, je vis toute la souffrance qu’il ressentait. Je voyais à
travers lui la mort de Qui-Gon, qui laissait dans son cœur comme une impression
d’inachevé… Avec une expression compatissante, je lui dis :
- Maître Jinn me manque aussi…affreusement. Mais je ne pense pas qu’il
aurait souhaité que tu ne fasses pas son deuil. On ne peut vivre quand on pense
continuellement à la mort…
- Calista, s’il te plait. Je ne souhaite pas en parler.
- Intérioriser tes émotions et tes problèmes n’arrangera rien…au
contraire ça ne pourra que faire empirer les choses.
- Depuis quand un Padawan donne des conseils à un Maître ?
- Depuis que ce Maître là n’a plus de Maître pour lui en donner… Pour moi
une formation ne doit pas être à sens unique, bien au contraire. Le Padawan et
son Maître ont beaucoup à partager.
- Tes paroles sont le reflet d’une grande sagesse. Maître Billaba t’a bien
formé.
- En effet je suis très fière d’être son élève.
Il y eut alors un long moment de silence. Un de ces moments qui mettent mal à
l’aise parce que l’on ne peut pas savoir ce que pense la personne qui est en
face de nous. Mais ce silence fut bientôt rompu par l’arrivée d’un Padawan
visiblement très pressé. En arrivant à notre niveau, celui-ci manqua de peu
de tribucher.
- Anakin ! dit alors Obi-Wan. Ca se voit que tu es un pilote…Dans l’espace
tu fais ton malin, mais sur terre ferme tu as encore besoin de trouver ton équilibre
!
Anakin émit un petit ricanement en disant :
- C’est pas de ma faute, et puis de toute façon, mon nom me prédestinait à
marcher dans le ciel…
Ce jeune Padawan me plaisait beaucoup ! Il incarnait tout le contraire de moi.
Il était intrépide, toujours pressé et avait en lui une certaine joie de
vivre. Obi-Wan ne devait pas s’ennuyait avec lui.
- Maître, vous n’avez tout de même pas oublié notre mission ?
- Non mon jeune apprenti, mais si tu me laisses le temps de rassembler quelques
affaires peut être que nous pourrons partir.
Je regardais son élève avec un sourire moqueur. On pouvait dire qu’Obi-Wan
savait toujours trouver les mots pour déstabiliser la personne en face de lui.
Avant qu’Obi-Wan ne fasse signe de partir, j’ajoutais :
- J’espère que vous allez trouver ce qui se passe sur Kegan. Mais faîtes
bien attention.
- Ne t’inquiètes pas Calista. Le plus grand danger que je redoute est le
voyage qui nous mènera jusqu’à cette planète ! Et encore plus si c’est
Anakin qui pilote le chasseur stellaire, dit-il pour détendre l’atmosphère.
Mais Anakin ne se laissa pas faire et rajouta :
- Il faut bien que quelqu’un prenne les commandes puisque vous détestez
voler…
- Là il marque un point, dis-je en m’adressant à Obi-Wan.
- Et oui que veux tu… Ces Padawan, ils veulent toujours avoir le dernier mot,
conclu Obi-Wan tout en s’éloignant dans le couloir.
C’était le moment où jamais. Désormais je devais agir vite si je voulais
mettre mon plan a execution. L’envie de savoir ce qui se tramait sur cette
planète était irrésistible. La vision d’horreur que j’avais eu dans la
salle d’entraînement me faisais peur. Mais cette peur de l’inconnu agissait
comme un stimulant. Comme si une partie de mystère qui enveloppait mon
existence tombait peu à peu. Pourtant, une voix à l’intérieur de moi me
disait que je faisais une grave erreur. Désobéir à un ordre de Maître Yoda
était sévèrement puni, cela pouvait même aller jusqu’à l’exclusion définitive
de l’Ordre. Et que penserait Maître Billaba ? Elle qui était si fière de
moi serait terriblement déçue. Elle se sentirait probablement trahie par une
élève en qui elle avait une totale confiance. Un instant, j’étais emplie de
doutes. Et je restais paralysée, ne sachant plus que faire. Mais peu à peu, je
me remémorais les images que j’avais pu voir dans cette vision. Et les cris,
les pleurs de ces nouveaux nés, de ces petits être sans défense eurent
l’effet d’une gifle violente qui me ramena à la réalité.
Cette personne ou cette chose qui s’en prenait à des enfants ne pouvait
continuer ainsi. Je fis donc un pas décidé en avant et les pas suivant
m’amenèrent jusqu’à l’extérieur du Temple, au cœur même de
l’hostilité de Coruscant. Le temps ici par rapport à celui-ci de l’intérieur
semblait passer beaucoup plus vite. Les speeders qui passaient à une allure
folle devait sûrement êtres responsables de cette impression. Bien que
j’habitais sur cette planète désormais, je la connaissais très peu. Mon
regard se perdit alors dans cette immensité et un groupe de taxis volants
attira mon attention. Je me dirigeais alors vers l’un d’eux tout en vérifiant
si j’avais assez de crédits républicains en ma possession pour payer le
chauffeur. Arrivée à sa hauteur, celui-ci me demanda :
- C’est pour aller où ?
- A l’Astroport le plus proche s’il vous plait …
Pendant ce temps, le Conseil s’était réuni au Temple. Maître Yoda
expliquait aux autres Maîtres la situation actuelle du Sénat ainsi que son
inefficacité à agir qui encourageait de plus en plus de systèmes à quitter
la République Galactique pour se rallier à des groupes séparatistes.
- Nos ennemis vont très bientôt prendre conscience que nous sommes dépassés
par les évenements, et cela ne jouera pas vraiment en notre avantage…déclara
Mace.
- Dépassés peut être nous le sommes, mais pas encore perdus. Répondit Yoda.
Les temps étaient durs pour tous le monde, et l’on pouvait voir les marques
que laissait la fatigue sur le visages des Maîtres présents au Conseil. Il ne
fallait pas oublier également que depuis quelques années, bon nombre de
padawan avaient fini par abandonner leur formation, comme si ceux-ci avaient
pressenti que leur destiné en tant que Jedi était menacé. Ki-Adi Mundi ajouta
:
- Cela fait de nombreuses années que l’Ordre existe. Il n’a jamais faillit.
Il ne commencera pas aujourd’hui. Nous feront tous front.
Les autres Maîtres acquiescèrent tous d’un hochement de tête. Mais Mace
Windu restait bien sombre.
- Une pensée te préoccupe, Maître Windu ? Demanda Yoda.
- En effet. J’ai eu une discussion assez tendu avec Obi-Wan Kenobi il y a peu
et celui-ci m’a montré ses nombreuses inquiétudes envers la possibilité de
l’existence d’un nouvel Ordre des Sith.
- Les enquêtes de ces dernières années n’ont rien donné à ce sujet, déclara
Plo Koon. Le Sith qui a donné la mort à Maître Jinn était seul.
- Ce qui est certain, c’est que nous ne pourrons pas combattre tout le monde
à la fois, ajouta Mace, nous sommes des garants de la paix, pas des soldats.
Le Conseil prit alors fin sur cette dernière énigme et tous les Maîtres
rejoignirent leurs appartements pour méditer dans le calme et la sérénité.
Cette journée commençait à prendre fin et j’avais pris place dans un vieux
cargo de réfugiés en partance pour Kegan. Je n’avais jamais vu d’engin
plus laid. Il était crasseux, poussiéreux et la transpiration mélangée de
plusieurs espèces y faisait régner une odeur insoutenable. En traversant
l’un des couloirs qui menait à ma cabine, je vis à travers un hublot,
Coruscant qui s’éloignait de plus en plus. A cette heure-ci, Maître Billaba
avait sûrement dû découvrir mon absence. Tout le Temple devait donc être au
courant de ma disparition.
Qu’est ce que je venais de faire . Soudain, je réalisais dans quel infâme pétrin
je m’étais fourrée. Jamais plus le Temple ne m’accepterait. J’avais
trahi mon Maître et elle ne me ferait jamais plus confiance. Elle prendrait
donc un autre élève qui deviendrait son padawan. Toutes ces années où je
m’étais battue pour être choisie comme apprentie et maintenant que j’étais
si proche de passer les épreuves, tout cela avait été fait en vain. Je
finirai probablement employée dans un Corps Agricole d’une planète reculée,
car tel était le lot des padawan qui échouaient. Cette pensée me fit pourtant
sourire. Moi, Calista qui à l’âge de cinq ans avait travaillé dur dans une
exploitation agricole sur Sélonia allait redevenir fermière à 19 ans…
Si maître Qui-Gon Jinn avait pu prévoir cela il m’aurait carrément laissé
sur cette planète étant gosse. Après le doute, ce fut la honte qui envahi peu
à peu mon esprit. Mais Coruscant n’était déjà plus qu’un petit point
dans le hublot et je devais me préparer à la journée qui m’attendait le
lendemain. J’entrai donc dans la cabine 276 et m’allongeais sur la couchette
étroite, essayant malgré tout de faire le vide dans ma tête. Ce n’est
qu’après deux longues heures que je parvins à trouver le sommeil.
Le jour suivant, je me réveillais à l’aube pour découvrir que le cargo
avait quitté l’hyperespace et était désormais entré en phase
d’atterrissage sur la planète herbeuse qu’était Kegan. Celle-ci n’avait
pas l’air tellement hostile malgré les nuages qui obscurcissaient sa surface.
Une fois le vaisseau posé sur une des plates-formes de l’Astroport,
j’essayais tant bien que mal de me faufiler dans la foule de réfugiés qui se
pressait vers la sortie. L’air de cette planète était humide. La pluie était
tombée il y a peu. La plupart des passants que je rencontrais dans les rues étaient
des humains et beaucoup se retournaient derrière moi, mais j’étais incapable
de l’expliquer. Cette planète était vraiment étrange. Je fouillais dans ma
mémoire, essayant de trouver des éléments du décor qui étaient présents
dans ma vision, mais en vain. Cela faisait plusieurs heures que je marchais et
j’avais l’estomac dans les talons. Il fallait que je trouve un petit quelque
chose à me mettre sous la dent.
J’allais tourner à l’angle d’une rue quand soudain une main se posa sur
mon épaule. Je me retournais au quart de tour et vit avec dégoût le propriétaire
de cette main. C’était un humanoïde d’une laideur que jusqu’à présent
je n’avais jamais pu observer. Une énorme cicatrice marquait son visage
difforme et il empestait l’alcool à cent mètres à la ronde.
- Bonjour belle brune, me dit-il en postillonnant sur mon visage.
Je tentais alors de continuer mon chemin en prenant soin de l’ignorer. Mais
celui-ci me retint en agrippant mon bras et en me tirant violemment vers lui.
- Laissez moi tranquille, lui dis-je en m’efforçant de garder mon calme.
- Ca te dirait de travailler pour moi… Les brunes sont très rares sur Kegan,
tu me rapporteras une petite fortune à toi toute seule.
- Désolée, c’est tentant mais…NON !
- Comment ça non ! Tu crois que c’est les femelles qui décides-ici ?
Je m’approchais de son visage et le fixait droit dans les yeux :
- Lâchez-moi maintenant !
- Et pourquoi le ferais-je ? Que vas tu me faire femelle ?
Dans un geste d’une rapidité exemplaire, je dégainait mon sabre en
l’activant.
- Je te trancherais la gorge sans la moindre hésitation, lui répondis-je.
La lame orangé de mon sabre éclairait le visage apeuré de l’humanoïde qui
lentement lâcha prise.
- Et maintenant tu vas me dire où je peux trouver un bâtiment d’information
dans ce fichu Astroport, lui demandais-je.
Un petit groupe de badauds s’était massé autour de nous, regardant avec
curiosité mon arme.
- De…deux rues plus loin, à…à droite vous trouverez un centre.
- Merci beaucoup l’ami.
Puis je continuais ma route vers l’endroit que cette créature m’avait
indiqué. Quelques pas plus loin, je sentis une nouvelle fois une main se poser
sur mon épaule. Mais cette fois je ne pris pas le temps de me retourner pour
dire :
- Bon ça suffit maintenant, tu commences à me …
Quelle ne fut pas ma surprise quand je me retournais pour voir le propriétaire
de cette main. J’en restais bouche bée.
- Je peux savoir ce que tu fais ici ?
C’était Obi-Wan et Anakin. Il répéta alors sa question d’un ton plus sévère.
- Je …Comment m’avez vous retrouvé ?
- Disons qu’en dégainant ton sabre à tout bout de champs tu ne peux pas
vraiment passer inaperçue…et maintenant réponds à ma question tu veux !
- C’est, c’était plus fort que moi, je voulais savoir.
- Je suppose que personne n'est au courant n’est ce pas ?
- Euh…et bien non…lui répondis-je en baissant les yeux.
- Je ne pensais pas que tu pouvais être aussi stupide Calista !Est ce que tu réalises
ce que tu viens de faire ? Tu as désobéis à un ordre du Conseil. Tu as donc
par ce geste trahi les Jedi ! et en plus tu n’as aucune excuse…
Après un court silence je relevais doucement la tête et le fixa dans les yeux
:
- C’est là que tu te trompes Obi-Wan.
- Maître ! S’il te plaît ! Ajouta violemment le Jedi.
Mais yeux devenaient rouge comme la braise et je me détournais de lui pour
quitter ce lieu. Mais celui-ci me rattrapa et s’interposa sur mon chemin.
- Et où comptes tu aller comme ça ?
- C’est ma mission ! C’est moi qui ais eu cette vision, j’ai vu des choses
horribles que jamais je n’aurais pu imaginer, c’est ma mission !
- Tu vas retourner au Temple et tout de suite ! Je contacte Coruscant.
Sur le moment, j’essayais de me faire une idée. Obi-Wan avait raison. Tout
cela n’était que folie. Jamais je n’aurais du quitter le Temple. Mais ce
moment de lucidité me quitta très vite pour laisser place à la colère. De
quel droit ? Pour qui se prenait-il ? Il n’était pas mon Maître. Je
resterais sur Kegan.
-Non ! Je reste.