Silent Hill
 
 
 
 
Rapport de mission. Section Oméga Foxtrot.

Date : Lundi douze mai 2001. 

Heure inconnue, peu avant la tombée de la nuit.

Secteur : Hotel Delta 56.

Notes du 2eme classe Tuckerman.

 

Le caporal Nooman a entendu des bruits suspects près du

marais en lisière de forêt. S’est rendu sur les lieux avec

le 2ème classe Foley mais aucun d’eux n’est revenu. Contact

radio interrompu brutalement avant apparition des étoiles. 

Communication avec quartier général impossible. Cables de

liaisons endommagés, probablement sectionnés par quelque

chose en létal. Sabotage envisageable.

Le lieutenant Anderson ainsi que huit hommes se rendent vers

zone des marais pour recherche des deux manquants.

Moi et le caporal Dana Becker restons sur lieu de campement.

Obscurité de plus en plus présente. Possibilité de pluie en

raison des nuages. 

 

Nuit à présent totale. Projecteurs du camp branchés et

tourelles défensives en fonction.

Recherches en cours depuis approximativement une heure.

Aucune nouvelle de l’équipe de recherche. Becker tente

réparation de système de transmission.

Bruissements suspects dans bois aux environs du

cantonnement. Aucune visibilité malgré puissance maximum des

projecteurs. 

Sommes de plus en plus inquiets.

 

Détection d’inconnus par tourelles de défense. 2

Mitrailleuses ont ouvert le feu en direction des bois.

Mouvements toujours perceptibles. 

Echec de la réparation de radio.

Equipe de recherche disparue depuis environ 1 heure trente

minutes.

 

Merde ! Merde ! Merde ! Au diable les règles de formulaires !!!

On est entouré par je ne sais quoi, ils nous tournent autour

depuis bientôt deux heures et ils ont essayé plus d’une fois

de pénétrer dans le campement. Mais nos mitrailleuses

défensives les ont dissuadés... pour combien de temps !?

Je me demande ce dont il s’agit, mais en même temps, je ne

tiens pas à le savoir.

Dana Backer tente toujours de réparer le matériel de

communication mais c’est peine perdue. Elle est très entétée

mais elle n’abandonne pas. De toute façon, je ne vois qui

pourrait venir nous chercher. Le Q.G se trouve à des

dizaines de kilomètres et la ville la plus proche n’est pas

très accueuillante...

En outre, je sais que la base ne s’inquiètera de notre sort

que lorsque notre section sera dite « Injoignable ». C’est à

dire qu’ils nous considèreront portés disparus dans quatre

jours. Comme notre émetteur est hors-service depuis une

journée, je ne pense pas qu’ils arriveront à temps.

L’équipe d’Anderson et lui même ont disparu depuis belle

lurette, et j’imagine qu’ils sont tombés sur nos chers

nouveaux copains.

Mais je trouve étrange qu’il n’y ait eu aucun coup de feu...

Neuf militaires entrainés ne peuvent pas se faire surprendre

tous à la fois sans au moins essayer de se défendre. On

aurait du les entendre.

Et qu’ils se soient fait prendre un par un est impossible

car nous sommes entrainés pour toujours agir en groupe,

jamais moins de deux par deux.

J’ai mon fusil mitrailleur près de moi au cas ou et mon

derrière est posé sur une caisse bourrée de grenades

offensives et de munitions.

De plus, Becker reste aux alertes pendant que j’écris ce

rapport. Et nos quatre tourelles font bien leur boulot. Mais

quoi que ce soit, ces choses qui tournent autour du camp ne

vont pas rester là sans tenter quelque chose et...

 

Je disais donc que les horribles monstres humanoides qui

essaient d’entrer dans le camp ne vont pas rester sans rien

faire longtemps, et je pense pouvoir dire que c’était exact.

Mon interruption a été due à une tentative d’infiltration de

leur part. Cinq ou six de ses créatures ont surgi des bois

et ont foncé. Les canons automatiques les ont réduits en

miettes, mais deux de ces machines ont été détruites Ce qui

fait qu’il n’en reste que deux. Quant aux créatures, les

tourelles ont pu en abattre trois...

C’est peut être mon dernier rapport, je vais donc faire une

brève descrition de ces choses. Mais vu la rapidité de leurs

mouvements, je n’ai pas eu de vision très précise. Il n’y a

aucun doute que si nos tourelles n’avaient pas été activées,

moi et Becker serions à l’état de charpie.

Leur apparence ne diffère pas beaucoup de l’être humain

moyen. Je dirais qu’ils sont juste un peu plus grands que

moi, mais certains étaient relativement petits. Surement des

post-adolescents... enfin je suppose. Après tout, ce n’est

pas à moi de vérifier leur âge et la couleur de leur sang.

Tiens, à propos, ces bêtes n’ont pas de sang. Rien, nada.

Les impacts de balles ont créé des trous dans leur peau,

mais aucun liquide n’est sorti de leur corps. C’est étrange.

Venons-en à leur peau. Elle est vert très clair, virant

presque sur le beige selon la partie du corps. En effet,

leur tête et leurs jambes possèdent d’avantage cette couleur.

Ils ont cinq doigts de mains et cinq doigts de pieds, ainsi

que des ongles comme vous et moi. Tout du moins au repos.

Car les deux mitrailleuses qu’ils ont détruit ont été

coupées en deux par d’énormes griffes tranchantes.

C’est seulement lors de l’attaque qu’ils les ont sorties, et

aussi lorsque j’ai, tout à l’heure, foutu un coup de pieds

dans l’un des deux corps qu’on a pu récupérer (le troisième

est introuvable). C’était un reflexe, car la bestiole avait

bien l’air morte. D’ailleurs, Becker qui a un diplome en

médecine est en train de l’ausculter. Elle se dit passionnée

par leur conception et suppose qu’ils ne viennent pas de la

Terre. Elle est drôle celle-là, comme si je pensais qu’il

s’agissait de lézards ayant muté après les essais nucléaires

français en polynésie. 

Mais avec son occupation, elle en oublie presque les

monstres qui tentent de nous embrocher. Pour dire vrai, elle

ne s’inquiète plus le moins du monde de notre situation.

Seuls ses petits « binômes » l’intéressent à présent.

Soit, elle fait ce qu’elle veut mais moi, dès que l’occasion

se présente, je me barre d’ici en vitesse, quitte à la

laisser là.

 

Le crépuscule, enfin. L’éclairage aveuglant des projecteurs

va finalement laisser place à une lumière plus douce, celle

du soleil.

Les créatures se sont retirées il y a quelques minutes,

lorsque la luminosité a commencé à monter. Mais notre

situation ne s’améliore pas pour autant.

J’ai étudié la carte de la région, et seule Silent Hill, la

ville dite fantôme, hantée, maudite, bref, la seule cité au

monde ou je ne souhaite pas me trouver pour tout l’or du

monde semble être l’unique refuge envisageable pour l’instant.

Avant d’arriver là-bas, il nous faudrait à peu près trois

heures de marche à pied. Et en partant du fait que les

monstres ne supportent pas la lumière su soleil, cela me

laisse croire que nous arriverons là-bas en un seul morceau.

Mais une fois en ville, que se passera-t-il ?

Qu’est-ce qui nous y attend ? De gentils villageois

chaleureux qui nous proposeront une bonne tasse de café et

un petit lit douillet en attendant les hélicoptères de secours ?

Ou bien alors une armée de ces monstres en compagnie de

toute une flotte de vaisseaux.

Je viens de me souvenir que je n’ai pas donné de description

de la tête de nos charmants hôtes.

Pas grand chose à dire. Il suffit de voir certains films

d’extra-terrestres pour les imaginer tel qu’ils sont.

Une tête en forme d’empoule, de grands yeux noirs allongés,

deux petits trous faisant office de nez et une bouche...

En leur ouvrant la gueule à l’aide de mon couteau, j’en ai

été malade. Une gueule garnie de minuscules dents aiguisées.

On aurait dit la réplique exacte de la dentition d’un requin.

Mon Dieu, rien qu’à y penser, j’en ai la chair de poule.

Leurs crocs seraient capables de laisser des marques sur le

blindage le plus solide que je connaisse. 

Mais bien entendu, Miss Becker est « fascinée » par ces

bestioles qui quant à elles sont facinées par le bon morceau

de viande dont nous avons l’air.

Cette femme me rappelle les scientifiques que nous avions du

secourir l’an dernier lors de la guerre entre les factions

rebelles et les forces de coalition d’Asie-sud. Notre pays

n’était pas concerné, mais les civils américains qui se

trouvaient sur leur sol devaient partir au plus vite. Nous

fûmes donc envoyés. Il y avait un laboratoire civil en

pleine jungle et celui-ci était sur le point d’être bombardé

par les forces du sud. Mais les savants étaient tellement

ensorcelés par leur boulot qu’on du les tirer par les bras

pour les sortir. Ce ne fut pas une partie de plaisir. Nous

dûmes même en assommer deux ou trois qui resistaient trop.

Tout ça pour dire que Becker est absorbée par ces choses.

Et... je crois même que c’est dans les deux sens du terme.

Je suis allé la voir tout à l’heure et elle s’est montrée

assez agressive lorsque je lui ai conseillé d’arrêter ça,

que d’examiner des cadavres était inutile. C’est tout juste

si elle ne m’a pas insulté en retour. 

Je n’ai jamais eu beaucoup de conversation avec elle mais

nous nous respections mutuellement.

Mais à présent, elle m’ignore complètement, me méprise.

Je crois qu’elle est sous leur emprise. Possédée, ou quelque

chose comme ça. Je l’ai observée et pendant un moment elle

parlait silencieusement et à une vitesse très rapide. Je

sais lire sur les lèvres depuis tout petit car ma soeur

était muette, mais je n’ai pas compris un mot de ce qu’elle

a proféré.

Cette femme me fiche la trouille, et je n’ose plus l’approcher. 

Si jamais elle a un comportement agressif envers moi ou si

elle commence à changer de n’importe quelle façon que ce

soit, je la descendrais sans sommation. 

Car si elle en a l’occasion, je pense que Becker me tuera.

 

Mon Dieu !

C’est fait, je l’ai abattue. Je n’avais pas le choix. 

Elle a lu mon rapport quand je suis allé chercher à manger

dans la tente principale. 

Comme je voyais qu’elle était plongée dans son examination,

j’en avais profité pour aller grignoter un peu (je n’avais

pas mangé depuis hier), mais une ou deux minutes après,

lorsque je suis ressorti, elle m’attendait devant l’entrée

de la tente avec le rapport à la main.

Elle me souriait.

Mais pas d’une façon chaleureuse ou amicale, plutôt un

sourire maléfique. Je suppose que vous imaginez. Elle avait

changé. Je ne l’avais pas approchée depuis la fois ou je lui

avais conseillé d’arrêter. Donc, je n’avais rien vu du

changement. Ses yeux qui auparavant étaient d’une magnifique

couleur bleu clair étaient devenus noirs.

Son teint de peau virait nettement dans le blanchâtre, comme

les vampires dans les films.

Et sa taille avait augmenté. Avant, elle était plus petite

que moi, mais en ressortant, elle me dépassait d’une tête.

J’ignore comment une telle croissance a pu avoir lieu.

D’après moi c’est impossible. Sans doute que les monstres y

sont pour quelque chose. Peut être que les deux cadavres

qu’on a récupérés étaient en fait une sorte de « cheval de

Troie ». Ils avaient du se douter que nous nous

interesserions à leurs dépouilles, pour trouver un point

faible par exemple.

Elle jeta le carnet qui tomba à mes pieds et commença à

avancer vers moi.

Mon arme était sur la caisse de munitions et je devais

contourner Backer pour l’atteindre.

Je n’avais que mon couteau sur moi, et je le sortis avant de

me mettre en position de combat. Elle n’avait pas l’air de

s’inquieter de mon arme, ce qui me fit prendre conscience

d’une chose : Un affrontement de face était totallement

suicidaire.

Je reculais de quelques pas en cherchant un moyen, n’importe

quoi ; une revolver, un fusil, un bazooka...

Elle se jeta alors sur moi et je fus littéralement projeté

par terre. Ma tête cogna le sol et s’il y avait eu de la

pierre, du carrelage ou autre chose de dur à la place de

l’herbe, j’aurais fini au royaume des songes avant de

rejoindre juste après un aller simple pour l’au-delà.

Elle me cheuvaucha alors et éclata d’un rire sinistre qui me

fit froid dans le dos. Même maintenant, rien que d’y penser...

Je tenais toujours mon couteau à la main et lui portai un

coup dans le ventre. Du sang rouge s’écoula sur ma main.

Son rire stoppa en plein élan et elle me regarda, non plus

comme tout à l’heure, mais de la même façon qu’autrefois, un

regard rempli d’inquiétude et d’incertitude.

Elle porta ses mains à la blessure que je venais de lui

infliger et me regarda dans les yeux.

« Tucker...? » dit-elle.

Et ce fut tout. Elle ouvrit la bouche pour prononcer quelque

chose mais la referma et s’écroula sans vie.

Je me relevais en poussant lentement le corps inerte.

Oui, je l’ai tuée. Mais elle n’avait plus aucun contrôle,

les créatures l’avaient contaminée. C’était elle ou moi.

Pardonne moi Dana...

 

A présent il faut que je parte d’ici, je dispose encore de

nombreuses heures avant la tombée de la nuit mais le plus

tôt sera le mieux. A cause des monstres.

Je vais regrouper tout l’équipement que je peux transporter

et je partirai.

A Silent Hill.

 

Cela fait bientôt deux heures que je marche et je mérite une

petite pause.

Je n’ai pas pu emporter les mitrailleuses automatiques, et

si je veux survivre, il faut que j’atteigne cette foutue ville.

Le soleil va bientôt se coucher à présent, dans une heure,

deux au plus.

Sur mon chemin, je suis tombé sur une lampe torche allumée.

Elle appartenait à un type de la section, j’en mettrais ma

main au feu.

Y-a-t-il eu des survivants ?

Peut être ont-ils essayé d’aller à Silent Hill eux aussi, je

verrais bien de toute façon.

Mais si cette torche était allumée, c’est qu’ils se sont

déplacés en pleine nuit. Il est possible que les monstres

les aient poursuivis. 

Je dois me dépêcher d’aller là-bas. D’après la carte, je

vais bientôt atteindre la route et de là la ville.

 

Enfin une preuve de l’existence de l’être humain. La route,

je l’ai trouvée. Mais c’est étrange...

Elle est magnifique, il n’y a pas la moindre imperfection

sur cette asphalte. Aucune trace de pneus, même pas une

microscopique fissure. Je veux bien croire que cette route

n’est pas souvent utilisée, mais tout de même...

J’aperçois un panneau un peu plus loin, je vais voir ce

qu’il indique.

 

D’après le panneau, je suis à quelques pas de la ville. Le

nom de cette route est effacé par le temps, mais ça n’a pas

d’importance. Il fait particulièrement froid ici, bien plus

que dans la zone du campement. Il y a une cité au delà de

Silent Hill. Brahms. Ce nom ne me dit rien, mais elle se

situe à 265 miles, rien que ça. Mais si j’ai la chance de

trouver un véhicule, je serais peut être en mesure de croire

en Dieu...

Il y a un batiment tout au loin, c’est peut être l’entrée de

la ville.

 

Bon, je me suis trompé. Ce n’est qu’une « aire de repos »,

si on peut appeler cela comme ça. Il y a des toilettes

insalubres en bord de route que même des cafards n’oseraient

y entrer. Je n’ai rien trouvé d’interessant. 

J’écris ces quelques phrases sur le capot d’une voiture

abandonnée sur le petit parking. Mais elle ne servira à

rien. La portière était grande ouverte et les clés étaient

sur le contact, mais je n’irais pas très loin avec de toute

façon. Pourquoi ? Le tunnel est bloqué. De vieilles grilles

rouillées interdisent l’accès et de grands échafaudages

métalliques se trouvent derrière. Ils ont voulu bloquer

l’entrée ou quoi ?

Pourtant il y a un panneau « Welcome » accroché. Bien qu’il

manque deux lettres au mot. Comme quoi personne n’est passé

ici depuis des lustres. Il y a aussi une fourgonnette

blanche un peu plus loin, mais elle ne sera pas plus utile

que la voiture.

J’ai pensé à faire demi-tour, mais la nuit ne va plus tarder

à présent.

Il y a un chemin qui se dirige vers le Toluka Lake, mais il

semble couper à travers bois. Il mène peut être à une maison

?! Je vais descendre pour voir.

Au fait, j’ai entendu un étrange bruit en arrivant. On

aurait dit une sirène d’alerte. Comme pour les grandes

villes lors des bombardements en 45. Elle était lointaine

mais avec le silence qui reigne ici, je n’ai pas eu de mal à

l’entendre. Je jurerais qu’elle provenait de la cité.

Le silence...

Cette ville porte mieux son nom qu’aucune autre. 

Vous aurez beau chercher dans tout l’état américain, vous ne

trouverez pas de région plus calme. Pas même un gazouillis

d’oiseau. Absolument aucun. Ça en devient inquiétant.

Pour tout vous avouer, j’ai une trouille d’enfer.

Et ce brouillard qui se développe autour de moi... 

 

Je suis descendu en suivant le chemin de terre. Au bout, je

suis tombé sur un cimetière rempli de tombes. Normal pour un

cimetière me direz vous. Seulement j’ai lu les quelques unes

encore visibles et aucune ne va au delà de 1994. Ils

n’entèrent plus les morts ? Ou alors il y a un autre

cimetière dans le coin. Dernière option : Il n’y a plus

personne à enterrer car il n’y a plus personne... Sans doute

l’hypothèse qui approche le plus de la vérité.

Cet endroit est effrayant et le silence d’autant plus

angoissant.

Et avec cette brume oppressante, je m’attendais presque à

voir sortir des mains putréfiées de la terre. Peut être

quand la nuit sera noire ?!

Il y a une chapelle isolée dans le cimetière et c’est là que

je me trouve en ce moment même. Ça pue l’humidité et le

moisi ici. Le toit ne semble pas très étanche et les

fenêtres sont presque toutes brisées. Le bois de la porte

était tellement vermoulu qu’un coup d’épaule à suffit à la

défoncer. Si jamais un monstre passe par là je suis mort. 

Je suis complètement épuisé après deux jours passés sans dormir.

Il y a d’étrange bruits à l’exterieur, mais ce ne doit être

que l’effet de mon imagination. J’espère.

 

Alors c’est ça Silent Hill ?

Totallement déserte et entièrement enveloppée de brume.

Je n’ai rien trouvé d’interessant pour le moment. J’ai suivi

le chemin au delà du cimetière. Sur la route, j’ai entendu

des bruissements tout autour de moi et ce qui m’a semblé

être un coup de klaxon suivit d’un cri. Je pense que c’était

un animal, mais comment être sur ?

J’ai ensuite débouché sur Nathan Avenue et j’ai

immédiatement bifurqué...

 

Il y avait quelque chose, je suis sur de l’avoir vu !

Cette ville n’est peut être pas totallement déserte

contrairement à ce que j’avais cru. Une silhouette est

apparue au loin mais le brouillard l’enveloppait. Ça avait

l’air humain, mais la démarche était hasardeuse. Je n’ai pas

osé appeler, j’avais un mauvais préssentiment. 

Je pense avoir bien fait. Fusil d’assaut à la main, j’ai

suivi l’apparition à l’aveuglette et j’ai repéré des traces

de sang au milieu de la chaussée. Il y en avait partout,

comme si on venait d’écorcher un porc. Aucune trace de cadavre.

Il y a quelques véhicules par ci par là, mais je n’en ai pas

utilisés. Tous proprement garés sur les trottoirs. 

Je me demande si mes collègues sont arrivés jusqu’ici eux

aussi. Si c’est le cas, je dirais qu’ils se sont réfugié

dans un batiment, mais reste à savoir lequel. 

Je ne suis pas seul. C’est une certitude.

Le silence qui pèse ici n’est peut être pas rassurant, mais

il me permet d’entendre. Et il y a des gens ou je ne sais

quoi qui trainent dans les rues. Mais personne ne s’est

approché.

Il y a quelques minutes, après ma poursuite, j’ai aussi

entre-aperçu... une chose volante. J’entendais nettement le

claquement de ses ailes. Ce n’était pas comme un oiseau,

c’était comme... comme les ailes d’un cerf-volant qui

claquent contre le vent. Donc quelque chose de gros.

 

Mon Dieu c’est horrible ! Il y a des gens accrochés tout le

long des fenêtres de la clinique de la ville. Des dizaines

et des dizaines, ils... tous complètement nus, femmes,

enfans... et mutilés.. pendus par leur boyaus..

Comment des gen peuve faire des chos ausi atrocs ?

Il fau que je me reprene un peu, deu secs...

 

Voilà, ça va mieux, j’ai fumé une cigarette et j’arrive à

mieux me contrôler à présent. J’étais complétement en

larmes, tous ces morts civils, ça me rapelle... voilà que ça

me reprend. J’arrête.

 

Je voulais dire... ces pauvres gens, j’ai pu voir ce genre

de scènes pendant la guerre il y a deux ans. J’avais réussi

à tout refouler mais voilà que tout à ressurgi. On dirait

que cette maudite ville tente de me remonter tous les

mauvais souvenirs à la figure.

J’aurais ta peau salope ! Brique par brique s’il le faut, je

t’aurai !!!

 

Quand j’étais gosse, lors de mes douze ans, j’avais acheté

un jouet dans un magasin, une vieille antiquité. J’étais

venu avec mon frère et il n’en restait qu’un. C’était un

bidule à piles qui dansait quand on le branchait. C’était

débile mais je l’avais voulu, et mon frère qui était plus

jeune le désirait lui aussi. Parce que ça me plaisait. Si je

n’avais pas dit que j’allais l’acheter, Jack (mon frère) ne

l’aurait pas exigé. Mais les petits frères sont comme ça, on

veut un truc, ils le veulent eux aussi.

Nous nous étions donc engueulés et ça avait plutôt mal fini.

J’avais pris le jouet (qui était relativement lourd et en

métal) et l’utilisai pour frapper Jack. 

Resultat, il est tombé dans le coma pendant plusieurs jours.

Mon père m’a donné la fessée la plus monumentale que j’ai

jamais eue.

Quand mon frère s’est reveillé, il n’avait plus toute sa

mémoire d’antan. Certaines personnes ne représentaient plus

rien pour lui car il les avait oubliées. Moi et quelques

autres personnes.

Il n’a (je crois) jamais été mis au courant de ce qui

s’était passé au magasin ce jour là.

Les parents ne voulaient pas qu’on lui en parle mais au

fond, je suis persuadé qu’il s’en souvenait dans les

moindres détails. Il me regardait bizarrement, mais il ne

m’a plus jamais cherché des noises depuis. J’étais presque

devenu un inconnu pour lui. Il ne m’adressait plus la

parole. Cela s’est passé il y a bien longtemps, et j’avais

tenté d’oublier.

Pourquoi je vous parle de tout cela ?

Eh bien à cause de la ville. Je pense qu’elle est vivante,

qu’elle possède une conscience ou quelque chose comme ça, je

ne dispose d’aucune autre explication.

Il y a des choses ici qui vous torturent jusqu’à en faire

remonter vos souvenirs cachés au plus profond de vous même.

Ces choses, elles ressemblent à mon frère. Pas toutes, mais

beaucoup.

Et ces sirènes que j’entends, que signifient-elles ? Encore

des secrets à me dévoiler ?

 

Y a une femme qui pleure quelquepart. Qu’est ce que ça

signifie. C’était à la station d’essence. Y avait un camion

citerne et deux monstres. Ils portaient des casques de

sapeurs, ils étaient cramés. J’ai buté ces enfoirés, ils

m’approcheront pas à moins de dix mettres ! Et le camion, il

me rappelle quelque chose, mais quoi ?! Et ce gosse ? Merde

alors, je vois le fantôme d’un gosse au visage défiguré. Il

a pris un coup de chaud le pauvre. D’ailleurs lui aussi me

rappelle qulqu’un.

 

Quelle merde, ce dingue avec sa lame me poursuit depuis tout

à l’heure, je sais pas ce qu’il me veut. Pas du bien en tout

cas !

Et le camion d’essence est passé aussi, je supporte pas ces

camionneurs, ils savent pas conduire, faut leur apprendre,

ils pourraient tuer des gens qu’ils en auraient rien à

battre. Tant pis pour le chien, j’l’aimais pas.

 

J’ai demandé à la dame ce qu’elle en pensait, elle m’a dit :

« Sa tête, il n’a plus sa tête, le troisième, c’est le

troisième degré ! ».

Bah alors quoi ? C’était ma faute ? J’ai jamais voulu, c’est

lui ! J’suis pour rien dans tout ça moi !!! c’est lui qu’à

voulu aller à la station avec Wolf. Pourquoi Sophie est

partie ?! Et elle pleure, qu’est ce qu’elle a ?

 

Et l’anderson et sa band, ils m’on abandonné ces fils de

pute, vont l’payer, et sa ç’apelle des soldas ? sson trois

mais vais lé butter.

 

C’ fait ces pédé, nikés, troués, fon plu les fiers hein, ?

Jai r’vu le m’sieur triangulaire, qu’est c’il voulait encore

c’ui là ?

C’à cause du gosse hein ? Quoi encore ? Il a fé quoi ???

Peut pas s’calmer ? Dit lui ou je lui fou une torgnole à ce

con !

J’ai quoi fait ? c’est pour moi qu’il vient ?

Savait pas conduire, i dise que le contrôle du bahut était

perdu, que l’gars pouvait rien faire, avai b’soin de foncer

dans station ? m’en fou du chien !

Vaais lui en cooleer une à lui et s’en souviendra longtemps

ce creveur de fils.

‘foiré !

 

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