Chapitre VIII : Point de non-retour



Les journées passaient au Temple Jedi de Coruscant au rythme des missions et entraînements auxquels nous assignait le Conseil. C’est étrange de constater comment la République était de plus en plus menacée alors que ma vie devenait celle dont j’avais toujours rêvé. L’univers avait changé et rien ne serait plus pareil. Nous avions déjà depuis longtemps passé le point de non retour. Il en allait de même pour moi, et pour Obi-Wan. Le choix que nous avions fait n’était peut-être pas le bon, mais c’était le nôtre.

Maître Werewolf et moi étions revenu depuis trois semaines de notre mission sur Byss. Notre retour avait été précoce car mon maître s’était fait violemment agressé, et notre quête n’était malheureusement pas encore arrivé à son terme. Cette mission qui était au départ des plus routinières avait fini en véritable catastrophe, mais nous avions dans tous les cas posé le doigts sur une affaire des plus importantes.
Ce matin là, je me dirigeais vers l’infirmerie du Temple d’un pas déterminé. L’enceinte de ce lieu était toujours d’un calme exemplaire, inspirant la confiance et la sérénité. Mais je ne pouvais pas me soumettre à cette ambiance ce jour là, car je ne pouvais accepter la réalité et attendre patiemment que les choses se passent d’elles- même. Je voulais repartir en mission et découvrir ce qui se cachait sous cette affaire.
La porte de l’infirmerie s’ouvrit instantanément une fois arrivée à sa hauteur. Un médecin twi’leck m’aborda presque aussitôt :
- Padawan Ozora, votre maître n’est pas encore en état de recevoir de la visite.
- Son état ne s’est-t’il pas amélioré ?
- Disons que nous l’avons stabilisé, ce qui est déjà énorme vue l’état dans lequel il était quand vous êtes revenus de Byss. Je suis désolée mais pour l’instant nous ne pouvons espérer mieux.
- Je comprends… Puis-je tout de même entrer ? Rien qu’une minute ?
Les lekkus du médecin s’agitèrent trahissant son désarroi, mais il finit par accepter.
- Suivez-moi.
Maître Werewolf était placé en chambre d’isolement afin d’assurer un milieu totalement stérile.
- Pas plus d’une minute, me précisa le twi’lek, qui me remit une combinaison spécialement prévue à cet effet.
Après l’avoir enfiler, je pénétrais non sans hésitation dans cette chambre. J’avais beaucoup de mal à reconnaître celui qui était mon maître au milieu de tous ces tubes, tuyaux et électrodes. Il était allongé le visage et le corps recouverts de bandages et de pansements imprégnés de sang. Mais malgré tout cela, son visage dégageait une certaine sérénité.
- Maître, je sais déjà que vous allez guérir. Vous êtes fort, et la Force et avec vous ! Mais le temps nous manque…je ne peux me résoudre à vous attendre, plus maintenant, nous sommes si prêt du but.
Werewolf était toujours inconscient, mais je savais qu’il pouvait m’entendre.
- Le conseil ne me donnera jamais l’autorisation d’y retourner, et je sais ce que je risque cette fois-ci…J’espère que vous ne prendrez pas ceci comme une trahison mon maître, car ça n’en est pas une. Je ne cherche pas la vengeance, ce n’est pas la colère ni la haine qui m’animent mais simplement la recherche de la vérité et de la justice…
Je me levais doucement et marchais vers la porte. Me retournant une dernière fois j’ajoutais :
- Que la Force soit avec vous maître, à jamais !

Ma chambre était toujours calme et vide. Le choix des vêtements à emporter pour mon périple était assez restreint, surtout dans la catégorie des vêtements civils. Me promener dans les milieux les plus mal famés de Byss déguisée en Jedi ne jouerait pas forcément en ma faveur…
- Je peux savoir ce que tu fais ?
Jetant un rapide coup d’œil derrière moi pour retourner plus vite encore à mes occupations je déclarais :
- Obi-Wan, pourquoi tu as toujours cette manie de cacher ta présence dans la Force ?
Le jedi se glissa doucement derrière moi et commença à me masser les épaules :
- C’est pour mieux te surprendre !
- Eh bien c’est réussi…Où est Anakin ?
- Il est à la bibliothèque du temple et joue les apprenti détective.
Sur ces mots, je me retournais pour fixer le jedi d’un regard interrogateur.
- Ne me regarde pas comme ça ! Il a prit cette initiative de lui même.
- Excuse-moi Obi-Wan mais j’ai beaucoup de mal à imaginer ton élève entrain de potasser des datablocs plus vieux que maître Yoda !
Le jedi étouffa alors un rire en ajoutant :
- Oh ne t’inquiètes pas trop ! Il n’est pas encore arrivé à ton stade de questionnement philosophique ! Tes ouvrages préféré de Maître Bodo Bass sont toujours disponibles et consultables…Non Anakin étudie les principaux foyers et centres de fabrication de droïdes dans la galaxie. Ta petite théorie à propos de vos agresseurs sur Byss semble l’avoir beaucoup intéressé !
- Au moins il y a quelqu’un ici qui me croit…
- Calista, je n’ai jamais dis le contraire mais tu dois aussi te rendre compte qu’il s’agit d’une hypothèse parmi beaucoup d’autres, qui elles sont peut être plus probables.
Après avoir montré une moue vexée, je m’en retournais à mes valises.
- Calista je t’en pris. Ai au moins le courage d’avouer que tu as peut être tort…
- J’ai raison, et je le sais ! Tu n’as pas du bien voir dans quel état ces choses nous ont rendu mon Maître. De plus un des maîtres les plus puissants du Temple. Il n’y a que des machines ou des Sith pour être capable d’un tel massacre ! Et comme tu as éliminé le seul Sith que nous connaissions sur Naboo, j’opte plutôt pour la première solution ! Ces choses sont des synthé-droïdes.
- C’est impossible ! Leur fabrication n’aurait jamais pu passer sous le nez des Jedi.
- Tu es bien trop naïf Obi-Wan…Tu crois vraiment que le Conseil à encore conscience de tout ce qui se passes dans la galaxie ? Pourquoi crois-tu que la République tombe chaque jour un peu plus dans le chaos ? Cela fait depuis longtemps déjà que l’Ordre Jedi a perdu le contrôle…
Obi-Wan secoua doucement la tête en soupirant :
- Peut-être en effet, mais toi tu as perdu plus que le contrôle. Tu perds petit à petit ta foi envers la Force.
- Je crois toujours en la Force Obi-Wan, aujourd’hui peut-être plus que jamais ! Mais je ne crois plus en cet Ordre auquel j’appartiens. Nous sommes seuls Obi-Wan, mais moi au moins j’ai le courage de l’avouer…
A cet instant, Obi-Wan baissa les yeux sur mes valises.
- Tu comptes partir sans en aviser le conseil n’est-ce pas ?
- Je n’ai plus le choix Obi-Wan…
- Si tu pars cette fois-ci tu ne pourras plus revenir. Tu feras alors partie de ces jedi égarés.
Un silence pesant s’installa dans la pièce, puis Obi-Wan se dirigea vers la fenêtre, simulant une attention envers la circulation des speeders.
- Je suis déjà une égarée Obi-Wan…dis-je en soupirant. Je n’ai rien à perdre.
Sur ces mots Obi-Wan se retourna les yeux rouges et déclara en étouffant un sanglot :
- Moi je te perdrai…
- Je serai toujours avec toi Obi-Wan.
- J’aurai voulu que rien de ceci n’arrive, j’aurai voulu ne jamais devenir un Jedi !
- Pas en mesure de juger ton destin tu es maître Obi-Wan…
Le vénérable maître Yoda venait tout juste d’entrée dans la pièce. On pouvait aisément deviner qu’à présent il connaissait tout de mes projets.
Kenobi essaya de retrouvé un peu de dignité face au maître, qui lui, nous observait attentivement à tour de rôle. Ce dernier finit par déclarer :
- Vos sentiments à tous les deux sont tout à votre honneur, mais pas compatibles avec votre vie de chevalier ils sont.
- Pas de passion, pas d’émotions c’est cela ? Répliquais-je sèchement. Ca nous le savons, mais nous ne savons pas pourquoi ! Pourquoi un Jedi ne pourrait-il pas connaître des émotions si fortes ? Ne sont elles pas sous le contrôle de la Force elles-aussi ? Répondez-moi maître Yoda, le code vous aide t’il, vous et le conseil à empêcher que la galaxie ne sombre dans l’abîme en ce moment même ?
Yoda baissa doucement la tête en la secouant, et me répondit :
- Ton comportement nous montre en ce moment même pourquoi la passion et prohibé. En colère tu es et plus en état de juger les choses tu te trouves, comme Obi-Wan le fut il y a longtemps, alors qu’il n’était que padawan…
Ce dernier s’approcha du maître et répondit :
- Maître Yoda, j’ai su tirer des leçons de mon expérience sur Mélida/Daan, mais dans certains cas nous ne pouvons pas lutter contre nos sentiments, même si on en a la volonté.
- Jamais je n’ai dis que cela était facile, mais pas impossible cela est…
D’un air décidé je me dirigeais vers le vieux maître et déclarais :
- Désormais, je ne suivrai plus la voie des Jedi, parce que je n’adhère plus à ses principes. Je pensais qu’un chevalier devait défendre l’Amour et pas l’inverse. Aujourd’hui je sais pourquoi la galaxie s’effondre.
Les oreilles du maître s’affaissèrent en même temps qu’il émit un long soupir emplit de désespoir.
- A toi ce choix appartient. Libre tu es de rester ou de partir. Mais avant que tu partes, une dernière chose je te demanderai…
A ces mots, je ressentis une impression des plus étranges. Mais je compris vite ce qu’il se passait. Maître Yoda venait tout juste de pénétrer dans mon esprit pour me laisser un dernier message que seule je pourrai entendre :
- Obi-Wan Kenobi voudra t’accompagner par amour dans ta quête. Tu ne dois pas accepter, car il doit accomplir une mission ici, celle que lui a confié Qui-Gon juste avant de mourir. Il est le gardien de l’Elu. Le sort de la galaxie dépendra de sa propre réussite, je l’ai lu dans la Force…Tu ne dois pas interférer. Il doit t’oublier.

Puis vint le silence et le retour à mon état normal. Yoda se trouvait toujours là en face de moi, avec un regard plein de confiance.
- Calista ? demanda alors Obi-Wan.
- Je dois partir, répondis-je sur un ton neutre. Maître Yoda, Maître Kenobi, que la Force vous protège !
J’empoignait alors mes valises et me dirigeais à grands pas vers le turbo-lift le plus proche. Comme je pouvais m’en douter Obi-Wan m’avait suivi presque aussitôt et me rappelait :
- Calista ! Tu en peux pas partir comme ça !
- Si je le peux…
- Très bien ! Alors si c’est le seule moyen, je viens avec toi.
- NON ! tu restes ici. Dis-je en me retournant les traits tirés par la colère.
Obi-Wan stoppa net son avancé, et je le surpris même à reculer de quelques pas. Nous étions à la croisée des chemins. La Force venait tout juste de me trahir. Notre séparation était inévitable désormais, elle devait se faire d’une façon ou d’une autre, mais pour notre bien à tous deux, elle devait se faire vite. Les yeux emplit de larmes, je finis par lui dire :
- Je me suis trompée Obi-Wan…c’était pas de l’amour, je ne t’aimais pas.
- Non…c’est impossible, c’est pas vrai.
Son visage commençait à s’empourprer, et je sentie la peine et la colère l’envahir. En me tenant par les épaules il me hurla au visage :
- Dis-moi que ce n’est pas vrai !
- C’est vrai, je ne t’ai jamais aimé…
Ce fut là les derniers mots que je prononçais en sa présence. Les derniers mots que je lui dis mais que jamais dans mon cœur je n’avais pensé. Une fois à l’intérieur du turbo-lift, je m’effondrais sur le sol en larmes et plus que jamais dans une colère qui n’avait pas d’égale. Mon avenir venait de s’assombrir. La Force était à l’origine de cette déchirure qui laisserait une plaie béante à jamais ouverte. Je ne serai jamais en mesure d’oublier. On oubli pas le passé on vit avec. D’autres aventures m’attendaient, d’autres lieux et une multitude de dangers.
Désormais je marchais seule sur une voie inconnue, à la recherche d’un destin qui ne faisait que m’échapper alors que la galaxie approchait elle aussi de manière inévitable du chaos.

Peu importe, quoiqu’il arrive je continuerai à avancer, servant toujours cette puissance qui m’avait trahi…
Il n’y a pas d’émotion, il y a la paix…
Il n’y a pas l’ignorance, il y a la connaissance…
Il n’y a pas de passion, il y a la sérénité…
Il n’y a pas de mort, il y a la Force.

 

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