Chap. 2
Après un voyage de douze heures, Heero laissa la navette se poser dans le hangar du vaisseau. Agnès n'en croyait pas ses yeux. C'était la première fois qu'elle se retrouvait dans l'espace. Elle suivit son père à l'extérieur. Celui-ci comptait les navettes. Il se tourna vers sa fille :
- Nous ne sommes pas les derniers. Viens, j'ai quelqu'un à te présenter.
Ils traversèrent une première coursive vide de toute vie et se retrouvèrent soudain devant un sas. Il s'ouvrit devant eux sur une salle fortement éclairée, tapissée de moquette avec un sofa, une table basse, deux plantes vertes et une baie vitrée donnant sur l'immensité de l'espace. Heero entra le premier.
- Heero ! Comment ça va mon vieux ! S'écria Duo.
- Je vais bien. On dirait que c'est aussi le cas pour toi.
- No prob' ! Eh ! Mais dis-moi … c'est qui ce p'tit brin de fille attifé comme Réléna ?
- Agnès. Ma fille.
Duo en resta bouche bée. Heero ? … Papa ? … Lui ? … Non ! C'était impossible !
- Waw … ta fille.
Agnès s'approcha d'eux et fixa Duo. Une longue tresse de cheveux bruns, des yeux bleus sombres et une dégaine de roublard … rien à voir avec le reste de l'équipe présente qui tirait plutôt une tête d'enterrement :
- Voilà Nove, mon rejeton !
L'adolescent leva la main de loin pour saluer. Puis Heero se rendit près de Trowa :
- Content de te revoir. Dit-il.
- Moi aussi. Je te présente Sète, ma fille.
La jeune fille salua Heero d'un signe de tête.
- Où sont les autres ? S'enquit ce dernier.
- Quatre est sur la passerelle, Wufei va bientôt arriver et Merquise est sur tes talons. Répondit Trowa d'un ton neutre.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée … Dit à part lui Heero.
- Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas le choix, il me semble ! Rétorqua Duo. Venez les gars, on va dire bonjour à Quatre ! Vous autres, soyez sages !
Il entraîna Heero et Trowa dehors, laissant les adolescents seuls.
Nove s'affala aussitôt dans le sofa, proférant un juron, alors que Sète se dirigeait vers Agnès.
- Agnès, c'est ça ? Demanda-t-elle.
- Oui.
- Ta robe est superbe.
- Moi je la déteste.
- Tu sais pourquoi on est là ? Demanda Nove. La fille du grand Yui doit bien être dans les confidences !
- Non, je ne sais rien.
- Fait chier ! Jura-t-il.
- Ce sont les pilotes des Gundams. Proposa Agnès. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps …
- Je ne sais pas non plus. Dit Sète. C'est étrange qu'on ne se soit pas rencontrés plus tôt.
- C'est …
Nove fut coupé par l'arrivée d'un Wufei au regard foudroyant qui imposa sa présence dès son entrée dans la pièce. Il regarda les adolescents d'un air de dédain et demanda :
- Où est Yui ?
- Je suis là ! Déclara Agnès en se redressant.
Wufei eut un rire ironique :
- Heero Yui !
- Ici. Coupa une voix derrière lui.
Lorsque tout le monde fut présenté et installé dans la salle, Quatre prit la parole :
- Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel et d'être venus. Pour vous expliquer rapidement, il s'agit d'une très vieille enquête que Heero et moi avons mené dans la galaxie. Des rumeurs faisaient état de rebelles construisant une armée pour reprendre le pouvoir sur Terre et dans les colonies. Il y a quinze ans, nous n'avons rien trouvé mais, depuis l'année dernière, nous avons repéré une intense activité autour d'un gros astéroïde de la ceinture, derrière Mars. Cela fait une quinzaine d'années que ce chantier est en activité. Leur flotte est maintenant tellement étendue qu'ils ne peuvent plus les entreposer à notre insu.
- Quel type d'armures mobiles ? Demanda Duo.
- De tout ! Du Léo au Serpentaruis, en passant par le Thaurus, l'Aries, le Virgo, le Veièt et j'en passe !
Wufei éclata d'un rire caustique :
- C'est bien beau tout ça mais qu'est-ce que ça peut nous faire ? Nous n'avons plus rien pour nous défendre.
- C'est là que tu te trompes ! Heero a pu récupérer les plans de nos Gundams et mes ingénieurs se sont chargés de les construire en y apportant quelques … améliorations …
Un long silence s'établit dans la salle puis Duo reprit :
- Et qui va les piloter ? On n'a plus 16 ans !
- Eux ! Répondit Quatre en indiquant les adolescents de la main.
- Quoi ?! Nos vies entre les mains de femelles sans expérience ? L'âge vous aurait-il fait perdre la raison ? S’écria Wufei
- Wufei ! Coupa Quatre. Nous n'avons pas d'autre choix ! Nous disposons de trois mois pour les entraîner. Après quoi les rebelles lanceront l'offensive.
- Faites ce que vous voulez ! Mais je ne ferais certainement pas équipe avec des fillettes de 16 ans !
Il quitta la salle, déterminé.
Les adolescents se regardèrent, surpris …
- Venez. Les Gundams sont dans le hangar principal !
La petite troupe se hâta vers la coursive et la longea jusqu'à son extrémité. Lorsque la porte s'ouvrit, certains d'entre eux, comme Duo, Zech, Nove et Iron, ne purent cacher leur étonnement. Cinq Gundam se dressaient, droits et fiers, devant eux.
- Heero, laisse-moi te présenter le Gundam 00a. C'est la copie conforme du 00 avec quelques modifications. Déclara Quatre.
- Le système zéro ?
- Je te laisse le choix de l'installer ou non.
Il continua :
- Duo, voilà le Deathscyth Hell Custom 2. Faux thermique à trois lames et quelques autres améliorations …
- Waw ! J'ai l'impression de revoir mon bon vieux Deathscyth ! Quatre ! Tu es un génie !
- Trowa, voici le Heavyarms 02. Toujours pareil plus recyclage des munitions, laser à énergie nucléaire …
- C'est instable.
- Je sais, mais c'est la technologie … Zech, voilà le Black Epyon Bêta. Plus rapide, plus résistant, mais toujours aussi complexe !
- Système zéro ?
- Là aussi, je te laisse le choix.
- Et Nataku ? Demanda Wufei qui venait de les rejoindre.
- Wufei, voici le Nataku. Celui-ci est identique au précédent … sauf la couleur … Nous avons pensé que le bleu allait tout aussi bien …
Chacun observait avec un émerveillement intérieur ces cinq superbes machines.
- Et le Sandrock ? Demanda Trowa.
- Je crains qu'aucune de mes filles ne soit en mesure de piloter un Gundam. Mais je suis heureux de participer à ma manière ! Sally Po arrive demain et Lady Une nous appuiera dans une semaine. Marimeya nous soutiendra financièrement, ce vaisseau en est la preuve. Maintenant, je crois que je vais vous laisser visiter.
Wufei fut le premier à enjamber la main courante et se laissa emporter par la force d'inertie jusqu'à son Gundam. Heero passa à son tour de l'autre côté. Agnès voulut le suivre mais sa robe la gênait. D'un geste sec, elle se débarrassa des froufrous, de la dentelle et du surplus de tissus pour ne garder que le minimum … Puis elle rejoignit son père.
Duo pouffa :
- Le portrait craché de son père celle-là !
Il escalada à son tour la main courante, Nove sur ses talons.
Zech et Iron n'attendirent pas plus longtemps pour franchir la rampe.
Sète observait ces êtres de métal en silence.
- Il est encore temps de refuser, Sète …
- Je sais … mais je n'en ai pas envie. Crois-tu que j'arriverai à piloter ce monstre ?
- Pour ça je te fais confiance.
- Papa … Pourquoi Maman est partie ?
- Peut-être parce que je n'ai pas su lui montrer que je tenais à elle …
- Moi … je lui ai dit que je ne ressentais rien pour elle. Crois-tu que je suis un monstre ?
- Non … viens.
Heero venait de s'asseoir dans le siège du pilote. Des images lui revenaient en mémoire. Il fut sorti de ses pensées par la voix d'Agnès :
- C'est ça alors un Gundam …
- Oui. Monte !
Il lui indiqua brièvement le nom de chaque commande ainsi que son utilité. Puis il lui demanda :
- Tu arriveras à t'en souvenir ?
Sans le quitter des yeux, elle répéta chaque nom en montrant la commande appropriée. Heero eut un léger sourire.
- P'pa … c'est ça que tu pilotais ? Waw !
- Ouais. Il est classe hein ?
- Alors comme ça tu te proclamais le dieu de la mort ?
- Hmm. Maintenant c'est toi qui prend le relais.
- C'est une punition ou une mise à l'épreuve ?
- Les deux ! Grimpe !
- Le bras gauche est plus lourd que le droit. Tu devras compenser.
- Ce n'est pas un problème.
- Sète. Ici je ne pourrais pas t'aider. Toi seule décidera ce qui est bien de ce qui ne l'est pas. Ne l'oublie jamais.
- Entendu.
- Bon, passons aux commandes des armes.
Zech toucha avec nostalgie les commandes de la formidable machine qu'était l'Epyon. Iron était subjugué :
- C'est encore plus beau que dans les manuels.
- Tu verras, l'Epyon est le meilleur … Le noir lui va bien après tout.
- Je ferais tout mon possible pour que tu sois fier de moi ! Je piloterai ce Gundam !
- Il faudra d'abord te préparer …
Wufei était assis aux commandes, les yeux fermés :
- Nataku … après toutes ces années je te retrouve enfin. Pardonne ma faiblesse. Mais je dois accepter ces jeunes pilotes. S'ils peuvent empêcher un désastre comme celui d'il y a 25 ans, je suis prêt à les entraîner. Mai ils auront intérêt à être à la hauteur ! Les faibles ne pilotent pas les Gundams …
Après cette première visite, les nouveaux pilotes et leurs pères furent conduits à leurs cabines et le programme du lendemain fut donné aux adolescents : le matin, arts martiaux et l'après-midi, entraînement intensif …
Agnès avait trouvé des vêtements pour se changer : un short et un débardeur suffiraient pour l'entraînement. Heero allait être leur professeur l'après-midi. Ce matin, il était allé à la rencontre de Sally Po.
Les adolescents se retrouvèrent dans le gymnase du vaisseau. Les garçons avaient revêtu un pantalon de sport et un T-shirt noir alors que les filles se trouvaient en short et débardeur.
Wufei les regarda droit dans les yeux :
- Je ne tolérerai aucune faiblesse, ni aucune plainte de votre part. Yui, approche !
Agnès s'approcha de son professeur, le fixant du regard, sur ses gardes. Il lança une attaque qu'elle para avec aisance. Wufei revint à la charge, mais là encore, elle connaissait la parade. Les coups se firent plus rapides et plus violents et il fallut cinq bonnes minutes à Wufei pour la mettre à terre.
- Tu te défends bien, Yui. Mais ce n'est pas encore assez bon.
Elle se redressa, vexée.
- Barton, à ton tour !
Sète fit un pas en avant. Elle parvint à éviter toutes les attaques sans pour autant répliquer. Lorsqu'elle fut à son tour au sol, Wufei déclara :
- Toutes tes acrobaties du cirque ne te sauveront pas ! Maxwell !
Nove s'avança d'un pas et déclara :
- Moi c'est pas la peine d'essayer. Vous allez me foutre par terre dès le premier coup et …
Il se retrouva alors joue contre sol et, d'un ton agacé, répondit :
- Les femelles jacassent, les hommes se taisent et se battent !
Nove retourna à sa place, une crampe dans le dos.
- Merquise ?
Iron s'avança. Il para quelques coups, en rendit d'autres mais finit par mordre la poussière. Wufei déclara alors :
- Il va y avoir du travail. Alors commençons. Echauffement !
A midi, lorsque les adolescents se retrouvèrent pour manger, Nove boitait, Iron avait le dos douloureux, Agnès ne sentait plus ses jambes et Sète croyait avoir perdu un bras.
- Il est vraiment malade ce Wufei ! Marmonna Nove en s'asseyant lourdement, un plateau repas devant lui.
- Attend ! C'est pas fini ! Cet après-midi ça recommence ! Rétorqua Iron.
Ils attendirent un quelconque commentaire des filles mais ces dernières mangeaient en silence.
- Agnès … tu te débrouilles pas mal … Déclara Nove pour relancer la conversation.
- Oui. Répondit-elle simplement.
- Et toi, Sète … T'esquives bien …
- Il n'y a là rien de miraculeux. Dit-elle sans même lever les yeux.
Nove regarda Iron qui haussa les épaules. Ca n'allait pas être facile.
Après le déjeuner, ils eurent une petite heure de pause, après laquelle ils durent se rendre à la salle de conférence où Heero leur exposa différentes notions de combat en armure mobile. Ils reçurent chacun une fiche technique détaillée de leurs Gundams à connaître par cœur le plus tôt possible.
A dix-sept heures, ils se rendirent au hangar principal pour une première approche technique de leurs appareils bien que, pour le moment, il leur était interdit de les piloter.
Le soir, au dîner, ils firent la connaissance de Sally Po … Elle les parcourut rapidement du regard et déclara :
- Il y a bien quelques airs de famille … Et vous voulez que je vous aide ? Comment ?
- Méthodes de survie, techniques médicales d'urgence … Enfin le nécessaire. Répondit Quatre.
- Entendu. Je commence dès demain … De combien de temps disposons-nous ?
- Trois mois …
- Seulement ? C'est peu.
- Les Gundams n'ont été achevés qu'il y a une semaine et le choix des pilotes à pris plusieurs mois.
- Quoi ? Vous n'avez pas songé immédiatement à vos enfants ?
Cette question jeta un froid dans la salle. Ce fut Heero qui répondit :
- La guerre n'est pas un jeu. Nous savons ce qu'elle peut faire ! Nos enfants sont notre dernière chance et ce n'est pas un choix qui nous fait plaisir. Mais si c'est la seule solution …
- Vous auriez préféré envoyer d'autres jeunes gens n'est-ce pas ?
Les regard convergèrent vers les adolescent qui écoutaient passivement. Ils semblaient tristes … ou plutôt résignés. Duo prit la parole :
- Si je pouvais moi-même reprendre les commandes du Deathscyth, je le ferai sans hésiter. Mais mes réflexes ne sont plus ce qu'ils étaient et je préfère confier mon avenir et celui des colonies entre les mains de quelqu'un que je connais plutôt qu'entre celles de ces jeunes idiots qui s'autodétruisent et qui n'ont plus le moindre respect pour les combats menés par leurs pères !
Son regard, posé sur son fils, était devenu dur. Nove se ratatina dans son siège.
- Je pense qu'on peut faire quelque chose d'eux. Continua Heero. Ils pourront piloter les Gundams carils sont de notre sang. Ils ont le combat dans les veines …
Trowa n'avait encore rien dit. Il regarda du coin de l'œil sa fille et soupira.
- Trowa ? S'enquit Quatre.
- Elle a choisi de venir et je ne pense malheureusement pas qu'il existe quelqu'un de plus qualifié qu'elle pour relever ce challenge. La paix a amolli les jeunes. Si nous ne les protégeons pas à notre façon, qui le fera ?
Les autres acquiescèrent en silence. Sally reprit :
- Entendu. Je ferais ce que je pourrais pour vous aider. Mais j'espère que vous êtes conscients que trois mois en un défi encore jamais réalisé !
- Comme l'idée d'un concept de paix il y a 25 ans !
Après avoir dit cela, Agnès se leva et quitta la salle, Sète et Iron sur ses talons. Nove fermait la marche. Lorsque le sas se referma, Iron déclara :
- Nous ne devrons pas les décevoir.
- Non. Répondit Nove, songeur.
Ils se séparèrent devant leurs chambres et, épuisés, se couchèrent aussitôt.